dimanche 29 août 2010

Un peu de travail...

Depuis que je suis partie à Dublin, certains d'entre vous se demandent peut-être ce que je suis venue y faire. Alors que mon travail à St Andrews avait lieu au laboratoire, j'ai réalisé ici une étude expérimentale sur le terrain. Sur une zone rocheuse qui se trouve à la pointe sud-est de l'Irlande, appelée Carnsore, des cuvettes artificielles ont été créées dans la roche pour y réaliser des expériences en milieu naturel. Les cuvettes sont des zones rocheuses qui restent immergées dans l'eau de mer à marée basse, ce qui permet à des espèces qui ne supportent pas l'émersion de survivre pendant toute la durée de la marée basse. Dans mon cas, il s'agissait de recréer des assemblages d'algues en sélectionnant les espèces parmi celles naturellement présentes sur cette zone. Ceci permet de distinguer le rôle des différentes espèces individuellement et lorsqu'elles sont ensembles.
En parallèle, je voulais également comprendre le rôle du biofilm rocheux, c'est-à-dire un mélange de microalgues, bactéries et autres organismes microscopiques qui tapissent toute surface rocheuse. Parce que la composition de ce biofilm peut varier en fonction de la présence des autres organismes, notamment des (macro)algues, j'ai combiné la présence de mes différents assemblages d'algues avec la présence ou non de ce biofilm. Évidemment, le biofilm est présent par nature: il fallait donc que je l'élimine de certaines cuvettes, ce que j'ai réalisé en brulant la surface des cuvettes à l'aide d'un chalumeau. Je dois dire qu'entre la fixation des grillages sur lequel sont attachées les algues (perçage de la roche pour y installer les chevilles dans lesquelles sont fixées des vis), l'assemblage de la pompe me permettant de vider les cuvettes et l'utilisation du chalumeau, je n'ai jamais autant fréquenté les boutiques de bricolage!
Après avoir installé toutes mes algues en juillet (il a fallu s'y prendre à deux fois, une tempête ayant arraché tout ce que j'avais attaché la première fois!), j'ai pu réaliser l'expérience en elle-même la semaine du lundi 9 au lundi 16 août (et oui, pas de répit pendant le week-end, la marée n'étant pas du tout familière avec ce concept!). Un jour le 'traitement' d'un tiers de mes 36 cuvettes (destruction ou non du biofilm) et le lendemain les mesures d'oxygène sur ces mêmes cuvettes: ceci me permet de mesurer la photosynthèse et la respiration de tout ce qui se trouve dans mes cuvettes et ainsi de comprendre le rôle des différentes macroalgues et de ce fameux biofilm pour le fonctionnement de l'écosystème. Moi qui avait l'habitude de travailler juste en face de la Station Biologique de Roscoff, cette étude représentait une vrai expédition puisque le site est à deux heures de route de l'Université de Dublin. Je suis donc partie avec un van de l'université, accompagnée de différents collègues (technicienne du laboratoire, autre post-doc, étudiantes en thèse et stagiaires) qui se sont succédés pendant la semaine pour que l'on soit toujours quatre personnes sur le terrain. La semaine fut assez intense et j'ai au moins eu la chance d'avoir la météo de mon côté. Nous avons logé dans un B&B toute la semaine, avec petit déjeuné de compétition pour affronter les quatre ou cinq heures de travail non-stop de chaque jour, la durée d'émersion de mon site étant de six heures maximum. Finalement, après quelques contretemps que j'ai réussi à compenser (notamment le chalumeau qui tombe dans l'eau de mer…), j'ai réussi à réaliser toute ce que j'avais prévu pour être de retour le lundi soir à l'université, complètement lessivée mais satisfaite d'avoir réalisé cette étude assez ambitieuse!